Je me présente

« Les arts sont le plus sûr moyen de se dérober au monde ; ils sont aussi le plus sûr moyen de s’unir à lui »
Franz Liszt

Amoureux de la couleur depuis le premier jour où j’ai touché des pinceaux, je m’exprime en « volume » depuis mon long séjour en Afrique et tout cela pour mon plus grand bonheur. Mes «pièces » posées au sol pour éviter l’artifice du socle , taillées dans la couleur sont formées d’éléments divers qui dialoguent entre eux dans un rapport sensuel, ou plus…
Des photos, depuis deux ans, viennent encore plus brouiller les pistes du sensuel.

« S’exprimer en volume, c’est être concret, c’est dire franchement les choses ». La peinture ne me suffisait plus, j’ai pris des formes, des vraies, des lourdes, des légères; Et pour les lignes ,des cordes, oui, des vraies, celles pour se pendre, ou pour rattraper celui qui se noie, celles qui emprisonnent et celles qui tendent les voiles de la liberté.

Je disais à un journaliste ,pour faire court ,que les idées « me poussaient dans les doigts », faites-moi confiance, quand on a voit le plaisir que ça procure, cet acte là de créer, on n’ a de cesse que de le voir s’amplifier cette sensation de jour en jour.
D’ artistes en artistes on se passe le secret et ce, depuis 35 à 45 000 ans. Jusqu’à maintenant ce relais n’a jamais été interrompu en aucune circonstances . Celui qui a « vu » « ça » dans ses doigts, est rempli d’un immense bonheur et se lève chaque matin en regardant ses doigts comme des pierres précieuses… »

Comme c’est dommage, vous n’êtes pas avec moi, au fond de l’atelier, quand l’idée qui vient de germer prend forme et qu’elle est, à cette seconde là, la meilleure idée au monde.

Les artistes dont on fréquente la pensée ont souvent réfléchi et résumé en phrase courtes ce qu’il vous arrive vous même de penser par exemple Pierre Soulages dit entre autre ceci qui me convient très bien : « Ce que je trouve m’apprend ce que je cherche. » c’est aussi ma méthode .

Je médite aussi, souvent, cette phrase qu ’Ivo Malec disait à ses élèves : « Si vous ne pensez pas que vous êtes en train de faire votre plus bel œuvre, il est inutile de continuer, si vous êtes toujours du même avis le lendemain, vous êtes un imbécile. »

Je finis enfin et vous livre une de ces pensées de Picasso que tout vrai artiste doit avoir toujours en tête: « en peinture, on peut tout essayer , on le droit .Mais à condition de ne jamais recommencer. »

Une seule chose est sûre, les travaux que je produis n’ont pas épuisé leur sens jusqu’à ce jour, même pour moi qui les ai produit . Voilà ce qui distingue l’œuvre d’art de l’objet décoratif ou l’affiche. Pour l’objet décoratif , le sens doit apparaître très vite, flatter la vue et ne pas laisser trop longtemps le doute s’installer dans la tête de celui qui regarde …en art le sens est plus ou moins complexe et imprécis , il s’éclaire quand on fréquente l’objet et vous révèle son secret qu’a petite dose plus on l’interroge.

J’aimerais que le spectateur, en face de mon travail, soit envahi par des pensées d’objets mais aussi par des émotions, des sentiments, des souvenirs ; et que ce voyage dans son vécu rencontre tout ce que j’ai pu ressentir moi-même.

J’ai choisi de privilégier la couleur dans ma sculpture parce que j’aime croquer dans des pommes, fendre des noix de coco et parcourir de mes yeux l’immense bleu du ciel et me régaler des terres ocres des paysages africains.

Celui qui m’a vu travailler avec du Jazz dans les oreilles sait que je suis comme la musique j’adore remplir l’espace …marteler l’espace de rythmes et de chaleur…mais pour être bref et m’exprimer comme Steve Coleman que j’aime beaucoup …
« J’essaie seulement d’illuminer les sens »
Steve Coleman …

Niort le 29 12 2001