« Les arts sont le plus sûr moyen de se dérober au monde ; ils sont aussi le plus sûr moyen de s’unir à lui »

Franz Liszt

L’objet est au centre de la création des artistes depuis la contestation de la peinture abstraite.

Moi, j’aime travailler de façon polymorphe avec de petits objets, mon goût pour l’installation peut m’amener à travailler dans l’atelier ou à l’extérieur et avec une multitude d’objets divers que j’extrais de leurs contextes et de leurs fins définitives… enfouissement ou au mieux recyclage. Ce qui m’intéresse, c’est de mettre en relation ces objets, leurs formes, leurs matières et leurs couleurs dans un nouveau monde organisé. C’est intéressant pour moi de révéler la part d’ inconnu d’un objet, de le voir et de le faire voir autrement.

Je suis fasciné par l’ objet que l’on jette et qui a encore tout son sens et sa couleur originale, il n’a plus que son apparence, il a perdu toute utilité, mais ils ne sont pas sales, ni écrasés, ni dégradés…ou juste un peu. Ils ont vécu mais n’ont peut être pas tout dit. Ils vont reparler…

De tout objet s’échappe une poétique particulière. Les objets dialoguent entre eux et avec moi dans un espace théâtral, celui de la vie de tous les jours. J’en fait des villes ou je les organise dans des espaces de type musée d’art contemporain dans généralement un carton découpé avec des ouvertures. Capter cette poésie dans les objets et les faire jouer juste comme des bons acteurs, c’est ce qui me plaît.

J’élabore mes installations avec des matériaux « cheap »des matériaux ou des objets qui ont perdu toute utilité. Mon travail prend ses racines dans une culture contemporaine tentaculaire, non-hiérarchisée ou la petite maison individuelle a autant de place que les immenses Buildings des grosses sociétés dans de grosses capitales. Mes références se situent autant du côté des constructivistes russes, de l’Arte Povera, du minimalisme et du pop art que de la low-culture.

L’humour et la dérision sont également des notions très présentes dans mon travail, en prenant le contre-pied d’une forme d’ art contemporain parfois très anxiogène. J’envisage ma pratique comme un bricolage à petite échelle avec les solutions les plus proche possible des « moyens du bord ». Ces pratiques sont parfois gage de nouveauté et ce créativité.

La revendication formelle du «cheap», cette « tentation de la régression », étant une réponse à l’exigence industrielle et commerciale de « qualité », de« rentabilité » et de « performance ». Les matériaux et objets détournés de l’industrie légère et du commerce je me les approprie par détournement et c’est une caractéristiques principale de ma démarche. Tout devient nourriture visuelle, certains objets m’attirent plus que d’autres et quand un objet m’attire, il trouve très souvent sa place quelque part dans une installation à venir.

La prise de vue photographique permet de garder la mémoire de celle ci, de capter l’atmosphère lumineuse du moment et de confronter des installations à des lieux (le plus souvent des chantiers).

Celui qui m’a vu travailler avec du Jazz dans les oreilles sait que je suis comme la musique j’adore remplir l’espace « marteler l’espace de rythmes et de chaleur » mais pour être bref et m’exprimer comme Steve Coleman que j’aime beaucoup.

« J’essaie seulement d’illuminer les sens »
Steve Coleman

Jean – Christophe Roudot