Nouvelle présentation Juillet 2018

La porte est déjà ouverte, vous entrez dans un espace immense parsemé d’œuvre d’art contemporain ou bien cela y ressemble très fort.

La porte est déjà ouverte, vous entrez dans un espace immense parsemé d’œuvre d’art contemporain ou bien cela y ressemble très fort. En pénétrant dans cet espace votre attention est captée par des objets de matières variées, par des surfaces réfléchissantes et des miroirs qui multiplient en forme de mise en abyme cet espace à l’infini.
Une impression d’ataraxie vous envahit doucement, Démocrite par ce terme évoquait l’harmonie et la tranquillité d’esprit. Tout semble posé là dans cet espace avec le même équilibre que les objets célestes d’une galaxie dans l’univers.
Après ce regard, un trouble s’invite, une interrogation surgit, un petit malaise s’installe… Ai-je été dupé, s’agit-il d’un véritable espace architectural ? Où suis-je vraiment ? Réel ou machination.
Dans ce qu’on croit être un lieu d’art contemporain, photographié lors d’une exposition récente, mettant en scène des sculptures d’inspiration minimalistes ou d’inspiration land art, on reconnaît placé là un objet de notre quotidien et très trivial, un « truc » qu’on a chez soi. En effet cette deuxième vision est tout aussi réelle. Jean-Christophe Roudot, en effet, glane un peu partout des objets chez lui ou les sélectionne dans des rebuts industriels ou des objets jetés pour de petites malfaçons qui les rendent impropres à la vente. Il dispose en fait ces petits objets dans une maquette facilement démontable qu’il confectionne méticuleusement. Cette maquette rectangulaire est photographiée du point de vue du plus petit côté pour faire apparaître toute la profondeur du lieu. Comme un temple grec les proportions de cette maquette sont les proportions du nombre d’or et la surface est d’un mètre carré. Ce principe d’harmonie est le point de départ d’une multitude de variations. Tantôt du bois tantôt de l’aluminium, en PVC, en plexiglas ou métal déployé.
Dans tous les cas la lumière omniprésente vient donner la qualité à cet espace zénithale ou crépusculaire, c’est elle qui sculpte des objets et les montre en toute splendeur. Tous ces objets mis en scène dans ces maquettes sont sauvés d’un inéluctable mis à l’enfouissement ou d’une incinération. Les voilà placés sur la scène glorieuse du spectacle de l’art contemporain dans l’histoire de l’art. Le même trajet que fit, grâce à Marcel Duchamp, l’urinoir qu’il a acheté dans un magasin de bricolage pour le placer à l’Armory Show en 1913.
Pas de visiteurs dans cet espace d’art contemporain, c’est inutile, l’espace architectural suggéré suffit à lui même et cela permet au spectateur de s’immerger totalement en y posant ses yeux.
Jean-Christophe Roudot par son regard facétieux s’amuse du gigantisme des installations d’art contemporain depuis 20 ans (Fondation Louis Vuitton, Fondation Cartier, Musée de Guggenheim). Il s’en amuse avec un grain d’impertinence en visant à recréer de tels lieux chez lui dans son atelier en « lowcost », en catimini.
L’artiste revit jour après jour ses merveilleux moments d’enfance où dans le grenier de ses grands parents il jouait avec des jeux de construction en bois et plus tard avec des briques de Lego® tout occupe à la contemplation du travail de ses doigts.
Élégance, sobriété, jeux d’espace, décalage, détournements, ces éléments mis en synergie font de ce travail un travail singulier créatif et réflectif sur l’art contemporain des années 2000.