Exister en poésie
texte de mon ami J.-Luc Renaud
La recherche de Jean-Christophe Roudot est un transfert de sens réussi de l’ordre des hommes à l’espace des objets.
Celui qui a croisé cette œuvre sans s’y pencher vraiment n’y aura vu qu’un assemblage de cordages ou de grilles, de fils de cuivre ou de laiton tressés, de volumes plus ou moins identifiables comme des rebuts de notre société industrielle. Il aura été frappé sans doute par la redondance des ocres, des noirs, des rouges, des blancs, des bleus. Il se sera dit passons notre chemin, il n’y a rien à comprendre là-dedans. Et il aura eu tort.
Prenons l’exemple de la corde ; elle est un support privilégié pour Jean-Christophe. Il peut lui faire souffrir les pires maux. Elle sera savamment nouée, coupée, triturée, tendue, pincée, enroulée, brûlée, trempée, que sais-je ce qu’elle peut devenir entre ses mains. Mais elle ne sera plus seulement ce qu’elle était avant. Avec la magie d’un titre, elle passera du monde des objets à celui de la représentation symbolique, du monde réel à celui de la poésie (mais une poésie qui se joue des mots et en abuse). Une simple corde deviendra le miroir de notre condition humaine. Car le mot ajouté à l’objet nous le révèle d’une façon que nous n’avions pas imaginée. Il se fait métaphore de notre vie même, langage, parole.. Jean-Christophe est un être magnétique, volatile, descendu de ses rêves pour nous. A chaque nœud sur une corde, c’est sa vie qu’il joue, c’est notre existence qu’il met en scène et en jeu.. C’est cela son travail, nous mettre en scène avec humour et fantaisie selon son humeur.
Regardez le travailler et vous vous verrez vivre, voyez-le à l’œuvre et vous vous sentirez exister en poésie.
Le 23 juillet 2001, J-L Renaud