Présentation d‘espèce(s) d’espace(s) CAC Niort

Espèce(s) d’Espace(s)
Exposition du 14 mars au 26 avril 2003
Centre culturel François Mitterand Niort

Travailler en duo, lire dans le travail de l’autre ce qui est absent du sien. Et investir l’espace d’un commun accord. C’est le défi que Jean-Christophe Roudot et Jean-Luc Renaud se sont lancés.
C’est avec la musique, et le jazz en particulier, que ce partage a lieu d’ordinaire. Jouer ensemble, en connivence, à contre-pied, en accord, les artistes plasticiens ne se l’autorisent que rarement.
Pourtant, ici, une peinture nourrie d’un dialogue sur l’art va se confronter à un système d’installations qui lui est à priori totalement étranger.
Mais posons d’abord les bases des recherches respectives de ces deux artistes.
L’un a choisi une gamme chromatique restreinte, celle des cadmiums rouge, orange et jaune, à laquelle s’ajoutent un noir, un gris et un rose, pour peindre une imagerie sentimentale couleur bonbon qui sert de toile de fond à un dialogue sur l’art le plus souvent illisible parce que tronqué.
L’autre est un artiste installateur ; le volume est son mode d’expression ; plus sobre dans l’utilisation de la forme, moins bavard, il joue avec la modulation, la répétition et les matières.
Tous deux ont choisi de jouer ensemble cette partition à quatre mains en faisant que leurs œuvres fusionnent parfois, s’opposent au contraire ou se citent l’une l’autre dans quelques pièces.
L’espace, en l’espèce, ils l’ont choisi et on le leur a prêté. Ils veulent s’en rendre maîtres et, de surcroît, dans deux postures différentes. Au départ, Jean-Christophe Roudot investira le sol avec ses installations et Jean-Luc Renaud les murs. Puis au mitan de l’exposition, tous deux feront basculer leurs œuvres cul par dessus tête afin de faire vivre au spectateur présent une autre expérience de l’espace.
Le défi est là, dans ce basculement, dans ce bouleversement, dans ce partage et dans cette découverte d’un nouveau tempo avec le visiteur.. En l’espace de deux jours, ils feront descendre les tableaux au sol pour en faire des dominos ou un pavage acidulé et laisseront grimper aux murs les mikados, maisons, cordages et appuis. Le vernissage de fin viendra inaugurer ce basculement des repères ; la première version de l’exposition venant faire image sur la deuxième .
Cette expérience viendra conforter l’intuition qu’ont les deux artistes que l’espace est l’une des composantes majeures de l’œuvre.
En l’espèce, chacun devra changer de point de vue en faisant face, en s’affrontant à l’autre ou en fusionnant avec lui… le temps d’un échange riche en sensations.

Jean-Christophe Roudot
Jean-Luc Renaud
Janvier 2003